Graffiti guerilla : une fresque de NOIR Artist recouverte à Liège
Après sa fresque dédiée à David Bowie et transformée en mémorial, c’est une autre œuvrede NOIR Artist qui a fait l’objet de modifications. Moins charmantes, cette fois: sa chimère monumentale du parc de la Boverie, à Liège, a été recouverte d’un graffiti.
- Publié le 14-03-2017 à 08h43
- Mis à jour le 14-03-2017 à 00h20
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Il faisait beau à Liège, ce week-end. Le temps parfait pour se promener au parc de la Boverie, profiter de sa passerelle, son étang, ses installations artistiques. À condition de faire l’impasse sur le bâtiment des sports nautiques : en lieu et place de la chimère monumentale signée NOIR Artist trône désormais un graffiti qui recouvre quasi entièrement celle-ci.
«Surprenant que ce ne soit pas arrivé avant»
Une situation que Lucien Gilson alias NOIR Artist tente de prendre avec philosophie. D'une grande humilité malgré son succès, celui dont la fresque dédiée à Bowie a fait le tour du monde choisit de voir le verre à moitié plein. «Ce qui m'étonne surtout, c'est que ça ne soit pas arrivé avant. On se trouve dans un parc qui n'est pas éclairé, avec personne aux alentours… Avant, le bâtiment était déjà recouvert de graffitis, et il avait été repeint en blanc pour que je puisse réaliser ma fresque».
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Chimère et métamorphoses
Lafresque avait été réalisée dans le cadre du festival Métamorphoses, en mai 2016, et voyait une créature fantaisiste mi-poisson mi tigre tenter d'attraper une montre à gousset. «Ma seule consigne était de rester dans le thème du festival, et cela m'avait donné envie de créer une chimère. Je l'ai progressivement étoffée pour ajouter d'autres éléments et occuper toute la longueur du bâtiment».
Préparation minutieuse
Un travail minutieux, qui demande d'arriver préparé : «avant de peindre, je viens en soirée avec un projecteur pour tracer mon cliché. Une fois que tous les contours sont bien tracés sur le mur, je peux démarrer ma fresque en étant sûr de ce que je fais».

«Volé leur mur préféré»
Des conditions de travail privilégiées, qui valent selon lui à Lucien de susciter l'irritation de certains graffeurs. « La base du graffiti, c'est d'être dans la rue. Les graffeurs repassent au-dessus des autres, et c'est celui qui a le plus de graffitis sur les murs qui est le plus connu. C'est une sorte de jeu. Forcément, le fait qu'un peintre muraliste puisse peindre des fresques immenses avec la bénédiction des autorités, ça ne plaît pas aux graffeurs. C'est un peu comme si je leur volais leurs murs préférés».
Bowie mania
D’autant plus injuste que Lucien, lui, n’a rien contre le fait de partager. Deux jours avant le décès de David Bowie, en janvier dernier, il avait en effet réalisé une fresque de l’artiste galerie de la Toison d’Or à l’occasion de la sortie de son nouvel album. Dès l’annonce de la disparition de Bowie, son portrait signé NOIR Artist s’est transformé en mémorial pour les fans du chanteur.

Oeuvres vivantes
«C'est moi qui avais donné l'autorisation pour que les fans laissent leurs messages. La plupart étaient vraiment touchants, mais certains ont saisi l'occasion pour écrire n'importe quoi. Grâce à un crowdfunding, j'ai pu récupérer la fresque pour la restaurer, et elle sera mise en vente au profit du Télévie». Un nouveau chapitre pour ce portrait émouvant en noir et blanc. «J'aime beaucoup que mes oeuvres soient vivantes, je trouve ça chouette de donner la possibilité aux gens de participer à la construction de mes fresques».
Sauvetage compromis
Celle du parc de la Boverie, elle, a plutôt été victime d'une destruction. «Celui qui a fait ça a vraiment tagué sur la fresque, qui est assez abimée. Cela va être compliqué à récupérer, parce que le graffiti recouvre une bonne partie du poisson-tigre. Or, si on met du produit pour enlever le graffiti, cela va aussi enlever la couche du dessous, donc je devrai tout recommencer3Éternelle métamorphose.