Inquiétant, un Belge sur quatre a consommé au moins un psychotrope en 2022
Face à cette consommation en hausse jugée "alarmante", une nouvelle campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé a été lancée ce lundi.
- Publié le 18-09-2023 à 17h45
- Mis à jour le 18-09-2023 à 18h29
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Un Belge sur quatre, soit près de trois millions de patients, a consommé au moins un psychotrope (benzodiazépine, somnifère, antidépresseur, antipsychotique, psychostimulant...) en 2022, indique lundi le SPF Santé publique. Face à cette consommation en hausse de psychotropes, jugée "alarmante" par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, une nouvelle campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé a été lancée lundi, afin d'évoluer vers un usage plus adéquat de ces traitements.
En cinq ans, le nombre de psychotropes délivrés en Belgique a grimpé de près de 70%. En 2022, ce sont 812 millions de ces médicaments qui ont été délivrés dans le pays, dont 370 millions d'antidépresseurs, 55 millions d'antipsychotiques et 17 millions de psychostimulants. Près d'un million de Belges ont par ailleurs déjà pris un somnifère l'an dernier.
Ces 15 minutes d'hygiène mentale vont améliorer votre journéeSi ces médicaments peuvent s'avérer nécessaires dans certains cas, leur utilisation sans prise en charge adéquate peut mener à des risques d'accoutumance et de dépendance, rappelle le ministre Frank Vandenbroucke.
"Ne pas commencer la prise de psychotrope reste la priorité"
Dans ce cadre, le SPF Santé publique lance une campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé. L'objectif est de mener d'abord le patient vers des traitements non-médicamenteux, de rappeler la nécessité d'évaluer un traitement adéquat en cas de recours aux psychotropes et d'élaborer un plan de traitement partagé entre les différents professionnels de la santé, tout en rappelant aux patients les effets secondaires et les dangers de ces médicaments.
La nouveauté de cette campagne concerne la collaboration entre les médecins généralistes, les pharmaciens et, pour la première fois, les psychologues cliniciens. L'objectif de cette coopération est de permettre une sensibilisation par tous les acteurs de la santé et une plus grande transparence sur la prise en charge des patients.
Dans le cadre de cette campagne, le site web usagepsychotropes.be a été lancé avec des pages spécifiques dédiées à chaque acteur concerné pour mieux aider les patients à éviter de tomber dans l'usage de ces médicaments. "Ne pas commencer la prise de psychotrope reste la priorité", ajoute Thierry Christiaens de BelPEP, la Belgian Psychotropics Experts Platform.
330 millions d'euros supplémentaires débloqués
La directrice générale du DG soins de santé Sabine Stordeur estime que cette campagne sera plus efficace que les cinq précédentes réalisées ces vingt dernières années. "L'ajout des psychologues cliniciens dans la campagne permettra une plus large collaboration multidisciplinaire, nécessaire dans le cadre des soins de santé mentale", explique-t-elle. Elle ajoute que des mesures plus contraignantes pourraient être prises à l'avenir comme la réduction des volumes de médicaments disponibles ou encore l'achat de produits à l'unité.
Frank Vandenbroucke a pour sa part rappelé les investissements du fédéral pour les soins de santé mentale. "330 millions d'euros supplémentaires ont été mis sur la table dont 165 millions pour une nouvelle convention de soins psychologiques de première ligne, permettant aux citoyens de bénéficier d'une première séance gratuite et de dix séances à moindre prix. Et 165 millions d'euros sont budgétés pour le service d'accueil de crise", explique le ministre de la Santé.
Comment surmonter les problèmes de santé mentale au travailS'il salue cet investissement supplémentaire et la collaboration proposée dans le cadre de cette campagne, le président de l'Union professionnelle des psychologues cliniciens francophones (UPPCF) Quentin Vassart affirme que cela reste insuffisant pour faire face au suivi de tous les patients potentiels utilisant des psychotropes. "Actuellement, 3.000 psychologues font partie de la convention sur 18.000 en Belgique. Il en faudrait dix fois plus pour couvrir tous les patients", répond-il. "On ne pourra pas traiter ces personnes en deux séances. C'est alors que les listes d'attente risquent de s'allonger, que ce soit auprès des psychologues cliniciens ou des psychologues spécialisés chez qui les patients pourront être réorientés". Quentin Vassart prône donc un investissement pérenne, à terme, pour les soins psychologiques de première ligne. "Mais le budget débloqué par le fédéral est une première avancée", conclut-il.