Marius Gilbert : « Un déconfinement le 19 avril ? C’est trop tôt »
Comme chaque semaine, nous faisons le point sur l’état de la crise sanitaire avec Marius Gilbert, chercheur en épidémiologie à l’Université libre de Bruxelles.
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Publié le 09-04-2020 à 18h53 - Mis à jour le 10-04-2020 à 10h34
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Avertissement : cet entretien a été réalisé avant le début des travaux du Groupe d’experts en charge de l’exit strategy » (GEES) auquel Marius Gilbert a été convié par le gouvernement fédéral. C’est donc le chercheur de l’ULB qui s’exprime ici à titre personnel plutôt que le membre du GEES.
Après quelques semaines de cohabitation avec le Covid-19, voici que nous en sommes à parler de « bonne nouvelle » quand on observe que la Belgique se maintient à moins de 500 hospitalisations par jour. Qui aurait cru cela possible il y a encore quelques semaines ? On comprend évidemment le message que nous font passer les scientifiques. Avec leurs graphiques et leurs analyses de courbes, ils nous invitent à ne pas limiter notre champ de vision aux seules images insupportables de nos semblables couchés sur le ventre, intubés, en danger de mort. Une courbe qui se stabilise, c'est de l'espoir qui naît. Dans le même temps, cette façon de parler l'épidémie au travers de chiffres globalisants, n'est-ce pas aller vers une forme de déshumanisation du propos sur la crise sanitaire, une mise à distance de la situation difficile des patients qui souffrent dans les hôpitaux ? C'est par ce questionnement que commence notre conversation hebdomadaire avec l'épidémiologiste Marius Gilbert sur l'état de la crise sanitaire.
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C’est devenu un rituel, un rendez-vous de l’information. Tous les jours, à 11 heures, on nous annonce le nombre de morts, le nombre d’hospitalisés. C’est évidemment indispensable que l’on dise cela. Mais cette répétition incontournable débouche sur une forme de distanciation… Les morts deviennent des éléments d’une courbe. Or, chaque point du graphique représente la vie d’une personne…
Marius Gilbert : La manière dont on parle de ce que nous vivons collectivement est un enjeu essentiel. De fait, on doit veiller à ne pas minorer les situations vécues par les personnes qui se trouvent derrière ces chiffres qu'on communique quotidiennement. Cela dit, je ne suis pas mal à l'aise avec ce qui se passe, dans la mesure où les communications des scientifiques sont complétées dans les médias par des témoignages de patients et de familles touchées par le virus, par des possibilités d'expression offertes au personnel soignant qui se démène pour sauver des vies dans des conditions périlleuses. Ce travail d'information sur ce qui se passe vraiment sur le terrain est un apport incontournable de la presse. Il ne doit certainement pas s'arrêter, car si l'on se contentait d'une approche statistique, il y aurait un réel risque de déconnexion de la réalité. Mais l'inverse est tout aussi vrai : si l'on ne voyait la crise qu'au travers de cas vécus, tous plus dramatiques les uns que les autres, on créerait une ambiance de fin du monde. Les chiffres et les analyses nous donnent la possibilité de nous projeter dans le temps, d'envisager des stratégies, de voir une possible lumière au bout du tunnel. En bref, ils donnent de l'espoir fondé sur des arguments rationnels et permettent de contrecarrer la peur. Bien entendu, tout est une question d'équilibre : si des modèles mathématiques annoncent une amélioration, cela ne doit pas conduire à un discours triomphaliste, à une propagande de « bonnes nouvelles » qui conduirait à un relâchement dans la société. À vrai dire, quand on parle d'une épidémie en cours, tous les mots comptent, car ils influent sur l'adhésion sociale aux mesures collectives, nécessaires pour endiguer la propagation du virus.
« Ce n’est pas encore le moment de baisser la garde face au virus, car cela pourrait mettre en péril tous les efforts entrepris depuis la mi-mars en Belgique »
Quel est le bulletin de l’épidémie ?
On observe une diminution du taux d’arrivée de nouveaux patients Covid-19 dans les hôpitaux et celle-ci devrait se poursuivre la semaine prochaine. C’est donc une « bonne nouvelle », mais elle doit tout de suite être contextualisée : ce n’est pas encore le moment de baisser la garde face au virus, car cela pourrait mettre en péril tous les efforts entrepris depuis la mi-mars en Belgique.

Peut-on totalement se fier aux données actuelles sur le nombre d’hospitalisations ? En effet, des témoignages donnent à penser qu’au cours des dernières semaines, des personnes âgées présentant les symptômes d’une infection par le virus ont continué à séjourner en maison de retraite, y mourant en dehors des radars statistiques. Fait-on un tri des patients sans le dire officiellement en Belgique, écartant les plus vieux d’un accès aux soins en milieu hospitalier ?
J’ai entendu des témoignages en ce sens dans les médias. Je ne puis m’exprimer sur ce sujet qu’au travers des données chiffrées dont je dispose sur l’âge des personnes se trouvant en soins intensifs. Ces chiffres montrent qu’en termes de décès, la proportion de personnes âgées est constante depuis le début de la crise. En dehors des circonstances liées à l’épidémie actuelle, il arrive relativement souvent que des résidents de maisons de retraite meurent sans un passage préalable par l’hôpital. Il faut vraiment faire confiance aux médecins. Ce ne sont en aucun cas des personnes inhumaines, qui se disent qu’on peut laisser mourir les plus vieux. Cela étant, les personnes qu’on place sous respirateur en unité de soins intensifs ont de faibles chances de survie. C’est de l’ordre de 50 %, toutes classes d’âge confondues, si l’on se réfère aux données avancées par les Chinois et qui ont l’air de se vérifier ailleurs. Il faut donc comprendre que pour des personnes âgées souffrant de comorbidité, le placement en soins intensifs sous respirateur fait évidemment l’objet d’une analyse de l’équipe soignante. Mais l’âge n’est pas le critère clé : les médecins évaluent l’utilité de poser tel ou tel soin en fonction de l’état de santé du patient. Ce sont là les éléments qui entrent en ligne de compte dans la décision d’hospitalisation, voire dans le transfert vers l’unité de soins intensifs.
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Cela dit, la propagation du virus au sein des maisons de retraite est de plus en plus préoccupante.
On a pourtant pris assez tôt des mesures dans ce secteur, mais les possibilités de faire des tests étaient trop réduites pour qu’elles ne soient pas d’abord réservées aux patients souffrant de complications sévères et au personnel de soin. Il a été jugé prioritaire d’éviter un taux d’infection trop important dans les hôpitaux. Désormais, les capacités augmentent. On va ouvrir les tests au personnel de deuxième ligne, et notamment ceux qui travaillent dans les maisons de repos. S’est ajoutée à ces difficultés initiales, faut-il le rappeler, l’impossibilité de fournir du matériel de protection en suffisance. On en revient toujours à ces mêmes constats qui ont eu d’importantes conséquences sur la gravité de l’épidémie en Belgique : on a été pris de court pour les diagnostics et les équipements de protection comme les masques et les blouses.
On paie très cher le prix de cette imprévoyance. À la lumière de ce qui se passe dans des pays comme la Corée du Sud, l’Allemagne ou Taïwan, où l’on s’est montré en capacité d’agir plus efficacement avec des stocks sanitaires suffisants, n’est-il pas évident que les autorités belges ont été trop imprudentes ?
Je suis d'accord sur le fait qu'on paie le prix de cette imprévoyance. Dans le même temps, il faut nuancer ce propos, ne pas nous comparer seulement aux deux ou trois pays qui ont mieux réussi que nous dans la lutte contre cette épidémie. Le déficit de prévoyance a certainement été plus important encore en Italie et en Espagne. Et il fut du même ordre que chez nous en France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Dans notre précédent entretien, je parlais d'un moment de flottement dans la prise de décision en Belgique, vers la fin du mois de février. Mais nous ne sommes pas du tout un cas unique en Europe. De plus, le fait qu'on n'ait pas actualisé le plan pandémie en Belgique doit être évalué dans un certain contexte.
« Peut-être que ceux qui disent “impréparation” aujourd’hui auraient dit “dépenses inutiles” il y a dix ans »
À savoir ?
Au moment de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009, les autorités sanitaires de plusieurs pays européens avaient mis en branle tout un plan pandémie. In fine, elles avaient été critiquées pour s’être montrées trop alarmistes. Le virus avait émergé au Mexique avec des chiffres de propagation et de mortalité très préoccupants. De nombreux pays s’étaient donc mobilisés pour acheter des masques en quantité et un partenariat avec le secteur privé s’était organisé pour la mise en place de plans de vaccination de masse. Quand la pandémie est arrivée chez nous, on s’est rendu compte que le virus était beaucoup moins agressif que ce qu’on avait craint au départ. Toute la stratégie qui avait été mise en place, y compris la vaccination de masse, est retombée comme un soufflé. Roselyne Bachelot, qui était ministre de la Santé à l’époque en France, fut mise sur le grill pour une gestion jugée pessimiste, coûteuse et pro-vaccin.
Ou quand l’anticipation peut aussi être parfois présentée comme de la précipitation ?
En effet. Il faut rappeler à cet égard que les données du début de l’épidémie H1N1 en 2009 étaient assez proches de celles du début de l’épidémie de Covid-19 en 2020 : beaucoup de morts dans un pays lointain. Or, on sait qu’au début d’une épidémie, la mortalité est toujours plus importante, parce qu’on ne détecte que les cas les plus sévères et qu’on ne dispose pas d’informations sur les cas les plus bénins. Des spécialistes ont pu croire qu’au même titre que le H1N1, le Covid-19 serait moins virulent s’il arrivait jusqu’en Europe. Je crois donc qu’on a payé le prix de l’épisode de 2009 en termes de manque de préparation. Pour le H1N1, on s’était beaucoup mieux préparés, mais pour un risque qui a été finalement bien moins important que ce que l’on avait craint. Il y a un an, on disposait toujours des stocks de masques de 2009, parce qu’ils n’avaient pas été utilisés. Peut-être que ceux qui disent « impréparation » aujourd’hui auraient dit « dépenses inutiles » il y a dix ans.
Revenons à la crise actuelle : peut-on dire que les personnes symptomatiques qui arrivent aujourd’hui dans les « urgences Covid-19 » ont été contaminées durant la période de confinement ?
Oui.

« On est en train d’éviter une saturation hospitalière à l’italienne. C’était loin d’être gagné »
Cela questionne-t-il la politique de confinement ? Est-elle insuffisante ?
Si l’on avait suivi le rythme observé avant les mesures de confinement, on serait autour de 70 000 personnes hospitalisées aujourd’hui. Avec 400 à 500 nouvelles hospitalisations par jour, cela fait quelques patients par hôpital. Si l’on rapporte cela à une population de 11,4 millions de personnes, ce n’est pas énorme. Donc, il n’est pas nécessaire de renforcer le confinement en ce moment. En plus, il y a des sorties d’hôpital qui compensent les entrées ; le taux d’occupation dans les hôpitaux va baisser. On est en train d’éviter une saturation hospitalière à l’italienne. C’était loin d’être gagné quand on a commencé à prendre les mesures de confinement.
Un déconfinement partiel pour le 19 avril est-il souhaitable ?
Non, c’est trop tôt. Il y a deux préalables pour amorcer ce mouvement. Le premier, c’est qu’il y ait une réduction significative du nombre de personnes hospitalisées, que les hôpitaux récupèrent de la marge en termes de capacité d’accueil et que les équipes qui travaillent depuis des semaines puissent récupérer. Je crois qu’il serait inaudible pour le personnel de soin de s’entendre dire qu’on lève une partie du confinement alors qu’il est encore dans une situation proche de la rupture.
Le deuxième préalable ?
Avant de penser à un déconfinement partiel, il faudra qu’on ait enfin réglé la question des tests et des masques, c’est-à-dire qu’il y ait assez d’équipements de protection pour le personnel de soin et pour la deuxième ligne (maison de repos, personnel de sécurité, magasins, soins à domicile, kiné, prisons…). Relâcher le confinement sans ces deux préalables, ce serait recommencer la même erreur. Au début de l’épidémie, on a eu l’excuse d’avoir été pris de court pour les tests et les masques. Mais dans les trois semaines à venir, il faudra absolument profiter de la phase descendante de l’épidémie pour faire le plein de tests de diagnostic et d’équipements de protection.
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Certains préconisent le port du masque pour toute la population ?
Effectivement, lors du déconfinement partiel, il faudra compter sur le maintien de la distanciation sociale, les mesures d’hygiène et un usage plus généralisé du masque. Cependant, il y aura un problème de logistique dans les premières semaines d’un tel déconfinement, qui pourrait commencer au début mai : vu le contexte international, il semble difficilement envisageable que la population puisse se fournir chez les pharmaciens en masques à usage unique. Il faudrait pour cela un approvisionnement de plusieurs centaines de millions de pièces par semaine. Il faudra recommander la fabrication par les citoyens de masques en tissu lavables à 60° et réutilisables. Cela dit, le masque ne doit pas être considéré comme une arme absolue, mais plutôt comme une barrière complémentaire aux mesures d’hygiène et de distanciation sociale désormais bien connues.
Vous craignez un risque de rebond si l’on relâche trop vite ?
Oui, relâcher le confinement général dès le 19 avril, ce serait une décision inconsidérée. Les courbes repartiraient à la hausse au bout d’une période de dix à quinze jours.
Pour le 3 mai, les conditions préalables que vous évoquez pourraient- elles être remplies ?
Oui, c’est envisageable, bien que – tout le monde l’a compris – rien ne peut être gravé dans le marbre. Mais d’ici là, la capacité de réaliser des tests aura encore fortement augmenté. Que ce soit en termes de tests qui détectent le virus chez des personnes infectées, ou de tests sérologiques permettant de déceler la présence d’anticorps témoignant d’une contamination passée. On va pouvoir diagnostiquer de manière beaucoup plus active toute personne présentant des symptômes et, si elle est positive, on testera aussi toutes les personnes qui auront eu des contacts avec elle. En d’autres termes, nous allons basculer vers une stratégie à la coréenne ou à l’allemande : contrôles massifs, isolement des malades et de leurs contacts avec, pourquoi pas, une discussion sur un éventuel « tracking » si celui-ci peut être assorti de bonnes mesures de protection de la vie privée. Le port du masque quasi généralisé – et au minimum dans tous les services de première et de deuxième ligne – sera un élément complémentaire de cette stratégie.
« Vu qu’il ne sera pas possible d’empêcher totalement la transmission du virus, il faudra que celle-ci reste sous un certain niveau »
Par quelle population commencer le déconfinement ? On entend des propos divers et variés à cet égard.
La Première ministre a annoncé la création d’un groupe composé de personnes du monde politique, scientifique, social et économique pour réfléchir à cette sortie de crise. J’y ai été convié et j’espère que nous pourrons avancer efficacement pour dresser rapidement les grandes lignes d’une stratégie de sortie.
Mais pour vous, par où faudrait-il commencer ?
C’est impossible à dire pour le moment. Des scientifiques travaillent sur des modèles mathématiques mesurant l’impact des divers scénarios sur la transmission du virus. En tous cas, on avancera graduellement, pour éviter une transmission susceptible de dépasser la capacité hospitalière. Il s’agira de toujours rester dans cette zone de sécurité. Vu qu’il ne sera pas possible d’empêcher totalement la transmission du virus, il faudra que celle-ci reste sous un certain niveau, tout en prenant des mesures ciblées pour protéger les personnes qui courent le plus de risques de développer des complications en cas d’infection.
Cela dit, des gens de tous les âges et de tout état de santé peuvent perdre la vie à la suite d’une infection par le Covid-19.
C’est exact. Il y aura une augmentation du risque de mortalité lors de la sortie du confinement généralisé, également pour la population jeune.
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Tant qu’on n’aura pas de vaccin, il s’agira donc de gérer une épidémie à bas bruit ?
Oui. Mais dans la balance, il faut mettre toutes les conséquences qu’aurait un confinement de longue durée.
Vous pensez au risque socio-économique ?
Pas uniquement. Il y a aussi un risque sanitaire pour des patients qui souffrent d’autres pathologies et ne peuvent pas voir leur médecin. Il y a aussi des aspects de santé mentale, de violences conjugales… Un confinement de longue durée peut avoir des conséquences indirectes qui se traduisent par des décès.
Vu cette longue cohabitation avec le virus, qui devrait durer au moins quelques mois encore, il faudra donc se faire à l’idée qu’on risque d’être probablement contaminé à un moment ou un autre ?
Oui, tant que nous n’aurons pas de vaccin, nous allons devoir vivre avec ce risque. Il va falloir être honnête vis-à-vis de la population sur ce point. C’est aussi pour cela qu’il faudra communiquer très clairement sur la stratégie de sortie de crise, sur les arbitrages qui seront faits. Car, comme pour le confinement, l’élément clé d’un déconfinement réussi sera l’adhésion sociale. Cela implique un devoir de consultation de la société civile, suivi d’un devoir de communication totalement transparente de la part des autorités.
« Il faudra construire les choix les plus collectifs possible, compris et partagés par une grande majorité de citoyens »
La décision ne devrait-elle pas être plus collective encore par la consultation, d’une manière ou d’une autre, de la population ? Ne faudrait-il pas un grand débat de société qui permette au plus grand nombre de comprendre tous les aspects de ce que sera la cohabitation sans confinement avec le virus ? Ne serait-ce pas une erreur de laisser aux seules mains de savants et de dirigeants ces décisions qui affecteront énormément la vie des gens ?
Je ne sais pas quels mécanismes pourraient être mis en œuvre. Je suis épidémiologiste, pas docteur en sciences politiques. Mais il est évident qu’il faudra construire les choix les plus collectifs possible, compris et partagés par une grande majorité de citoyens. À tout le moins, il faudra intégrer les parties prenantes. Pour l’enseignement, par exemple, il faudrait que les syndicats représentant le personnel y soient associés. Que chacun puisse ainsi exprimer ce qui lui semble acceptable ou pas en termes de conditions de travail et de sécurité, car il ne sera pas impossible que l’un ou l’autre enseignant tombe malade. Comment fonctionner malgré le virus tant qu’on n’a pas de vaccin ? Il ne serait pas inintéressant que des panels citoyens se forment pour mettre des idées sur la table, pour aider à construire un projet commun. Plus la stratégie sera partagée, mieux elle fonctionnera. La cohabitation avec le Covid-19 incite à plus de démocratie participative. Mais il y a un vrai défi de rapidité : il faut associer le maximum de monde sans pour autant créer la situation d’un débat interminable. On a moins d’un mois pour essayer de poser les bons choix. C’est court.
Une dernière question, moins prioritaire, mais tout de même largement partagée : les Belges partiront-ils en vacances durant le prochain été ?
Si l’épidémie est sous contrôle, ce sera sans doute possible. Toutefois, il est probable que les autorités conseilleront ou imposeront des vacances familiales, c’est-à-dire que les groupes de vacanciers se limiteront aux personnes qui vivent déjà sous le même toit. Je doute que l’on autorise des rassemblements de personnes dans de grandes structures hôtelières, qu’on remplisse des charters ou qu’on permette la tenue de camps de vacances pour des organisations de jeunesse. On s’orientera plus que certainement vers des vacances en voiture dans des locations en Belgique, voire dans des pays limitrophes comme la France, si les frontières s’ouvrent à nouveau. Ceux qui réservent devront, quoiqu’il arrive, se prémunir par une très bonne assurance annulation.