Le Vlaams Belang dirigeant la Flandre ? Ce n'est plus impossible

La bataille des droites est engagée au nord alors qu’au sud, on préfère rouler à gauche.

Martin Buxant
Le leader du Vlaams Belang affirme défendre les travailleurs. « C’est un loup déguisé en mouton », dénonce Conner Rousseau, le leader socialiste flamand.
Le leader du Vlaams Belang affirme défendre les travailleurs. « C’est un loup déguisé en mouton », dénonce Conner Rousseau, le leader socialiste flamand. ( Photo by Joel Hoylaerts / Photonews ) ©Joel Hoylaerts Fotografie

Bart De Wever en a remis une couche le week-end dernier. Et il y a deux manières de traiter le président de la N-VA et les déclarations matamoresques qu’il balance quasi systématiquement sur les plateaux de la télévision ou dans les journaux flamands du dimanche. Soit vous levez les yeux au ciel en attendant que ça passe, soit vous décidez de vous y attarder, et on tente alors de comprendre quelle mouche l’a piqué et quel est l’objectif recherché.

La déclaration en question est la suivante. De Wever répond à un journaliste qui voudrait savoir si la N-VA pourrait négocier et gouverner avec le Vlaams Belang : «Si le Belang nettoie sa propre merde, pourquoi pas?» C’est élégant subtil à la fois. Le Vlaams Belang effraye-t-il autant la N-VA que ça?

Distinguons les choses. On parle ici de l’étage flamand de la fusée Belgique car, à l’étage fédéral, il faut l’accord des partis francophones pour gouverner, et pas un seul d’entre eux ne va s’asseoir à la table de l’extrême droite. En revanche, à la Région flamande, c’est une autre histoire.

Tout va dépendre de l’arithmétique électorale et du total de suffrages que vont récupérer N-VA et Belang. S’ils décrochent plus de 50 % ensemble, ils ont la capacité de gouverner la Flandre à deux. Et si, aux élections de l’année prochaine, le Belang devient le premier parti en Région flamande, son président Tom Van Grieken sera désigné formateur du gouvernement flamand.

C’est son rêve, lui qui mène depuis cinq ans un chemin vers la dédiabolisation, lui qui fait tout pour montrer que le Belang n’est plus le Vlaams Blok bête et raciste d’autrefois, mais un parti sérieux et raisonnable, s’inscrivant en cela dans la voie tracée en France par une certaine Marine Le Pen.

Tom Van Grieken formateur du gouvernement flamand, voire ministre-président flamand, c’est une hypothèse qu’on ne peut plus balayer d’un revers de la main. Mais encore faut-il, pour la N-VA, que le Belang «nettoie sa merde». Cela veut dire que la formation d’extrême droite doit éliminer les éléments les plus radicaux qui restent dans ses rangs et qui, pour De Wever, continuent d’avoir des propos inacceptables. Seul souci : le président de la N-VA ne définit pas précisément ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.

Bart De Wever aux côtés de Tom Van Grieken : une réalité qui n’est plus de la fiction.
Bart De Wever aux côtés de Tom Van Grieken : une réalité qui n’est plus de la fiction. (Photo by Xavier Piron / Photo News ©Xavier Piron

Est-ce que se moquer des francophones et les dénigrer constamment est acceptable? On ne sait pas. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que Bart De Wever est beaucoup plus trash, beaucoup plus dur avec le PTB qu’avec le Vlaams Belang. «Si les communistes accèdent au pouvoir, mes valises sont prêtes», a-t-il encore balancé ce dimanche dernier.

C’est donc la bataille des droites qui est engagée en Flandre, alors qu’en Wallonie, on est dans une lutte des gauches, PS, PTB et Ecolo se livrant une rude concurrence pour savoir qui sera le plus à même de défendre les travailleurs. Curieux pays où une frontière linguistique dessine aussi -nettement une frontière politique et -culturelle.

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