Politique belge : nous sommes déjà en campagne électorale

Bart De Wever a lancé les hostilités, sans la moindre originalité.

Martin Buxant
N-VA chairman Bart De Wever delivers a speech at a party meeting of conservative Flemish nationalist party N-VA, Sunday 14 May 2023 in Antwerp. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
La rengaine n’a pas changé : «Tout est de la faute de ces idiots de francophones». BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK ©BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK

Je n’étais pas dimanche dernier au stade Roi Baudouin pour le méga-concert de Beyoncé, mais Bart De Wever et Alexander De Croo auraient pu, eux aussi, entonner «Crazy in Love» ce week-end, lors du congrès de leur formation politique.

Hélas, ils se sont cantonnés à un registre classique d’attaques et de défense, à coup de petites phrases et de refrains bien connus, surtout le président de la N-VA, et qui ne laissent pas l’ombre d’un doute : nous sommes bien en pleine campagne pour les scrutins de l’année prochaine. Il n’y a plus d’espace pour la tempérance et la modération, ça secoue et ça tape comme un hit de Beyoncé. La Belgique s’apprête à danser au rythme de la campagne électorale.

À ce jeu-là, Bart De Wever est toujours celui qui frappe le plus fort, même si son discours a des allures de réchauffé. Chassez le naturel, il revient au galop : le leader flamand, bourgmestre d’Anvers depuis 2012 et dont on ne dira pas que le bilan est mirobolant (voyez la cocaïne qui coule à flots dans la métropole sans qu’il ait réussi à endiguer le fléau), nous fait à chaque fois le coup : il promet de se concentrer sur les enjeux de sécurité et de socio-économique et, après trente-huit secondes de discours, part en vrille et plonge dans le communautaire.

Bart De Wever n’en finit pas de gesticuler à propos du communautaire. Dépassé?

Résultat : tout est de la faute de ces idiots de francophones, ils ne savent même pas se serrer la ceinture, sont incapables de travailler dur comme les Flamands. Bref, on est complètement à côté de la plaque, et lui, il est prêt à redresser la Belgique. Enfin la Flandre, puisqu’il veut cette région indépendante. Il a même proposé au Parti socialiste de l’accompagner et de monter dans un mini-gouvernement fédéral dont lui, De Wever, serait le Premier ministre.

C’est peu dire que ce genre d’offre de service de la N-VA au PS commence à sentir le sapin. D’abord, De Wever n’a pas adapté son logiciel depuis dix ans, sinon il aurait vu que, côté francophone, on a un autre parti à gauche (le PTB), que le PS n’est plus aussi faiseur de rois qu’auparavant et qu’il n’ira jamais se commettre avec des nationalistes flamands, sous peine de disparaître.

Ensuite, franchement, la rengaine «la Belgique est à bout de souffle» commence à peser. On a déjà assez de misères et de pain sur la planche que pour venir se faire sermonner encore et encore par papa De Wever. Celui-ci ferait mieux de travailler là où il a des leviers de commande, à la Région flamande par exemple, plutôt que de s’exprimer pour ne rien dire.

Cela dit, sur le constat d’urgence, il a raison : on doit réagir pour sauver les meubles de la maison Belgique. La grande différence, c’est que son prêchi-prêcha sur le socio--économique mal géré n’a qu’un seul dessein, un seul objectif : diviser le pays et faire naître la république de Flandre, SA république. Autant le savoir et avancer à visage découvert, parce que nous, francophones, ce n’est pas ce que nous voulons. Mais nous sommes prévenus.

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