Élections en Turquie : Erdogan en tête, un deuxième tour se profile
Un deuxième tour paraît inévitable pour départager le président sortant Recep Tayyip Erdogan, en tête mais sous la barre des 50%, et son opposant Kemal Kiliçdaroglu, qui promet la victoire de son camp.
Publié le 15-05-2023 à 08h59 - Mis à jour le 15-05-2023 à 10h45
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La présidentielle turque va avoir droit à un second tour historique. Le président Recep Tayyip Erdogan est toujours donné en tête par les médias officiels même s'il est passé sous la barre des 50% après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, selon l'agence étatique Anadolu.
Le chef de l'Etat recueillait 49,94% des voix sur près de 90% des bulletins dépouillés, selon Anadolu, ouvrant la perspective d'un second tour le 28 mai. Son rival et leader de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, aurait, lui, récolté 44,3% des suffrages. L'ultranationaliste Sinan Ogan, troisième candidat à ce scrutin, se situe à 5,3%.
Un "complot" selon l'opposition
Erdogan a affirmé cette nuit être "clairement en tête" de la présidentielle, mais se dit prêt à "respecter" un second tour s'il est nécessaire.
"Même si les résultats ne sont pas encore publiés, nous sommes clairement en tête", a-t-il lancé devant une marée de supporters réunis au cœur de la nuit (02h30 locales, 01h30 HB) à Ankara : "Nous respectons ce scrutin et nous respecterons la prochaine élection" a-t-il assuré. "Nous ne savons pas encore si l'élection est terminée avec ce premier tour mais si le peuple nous emmène au second tour, nous le respecterons". C'est la première fois en vingt ans, depuis qu'il est au pouvoir en Turquie, que le chef de l'État serait contraint à un second tour, prévu le 28 mai, face à son adversaire social démocrate Kemal Kiliçdaroglu.
Ce dernier a promis de son côté la victoire de son camp "au second tour" du scrutin. "Si notre nation demande un second tour, nous l'acceptons volontiers. Et nous allons absolument gagner ce second tour", a-t-il lancé au cœur de la nuit, depuis Ankara, entouré des représentants des six partis de sa coalition.
Le président Recep Tayyip "Erdogan n'a pas pu obtenir le résultat qu'il escomptait en dépit de toutes les insultes" proférées à l'encontre de son adversaire, a continué M. Kiliçdaroglu. "Le besoin de changement dans la société est supérieur (au chiffre de) 50%; nous devons absolument gagner et installer la démocratie dans ce pays", a-t-il estimé sans évoquer les élections législatives qui se déroulaient simultanément.
Kiliçdaroglu a accusé l'agence de presse étatique Anadolu de "complot" pour manipuler les données. Celle-ci, qui a donné de premiers résultats avec le président Erdogan autour de 60% des voix, a par la suite réduit le chiffre à moins de 50%, a-t-il fait remarquer.
À noter également que, durant la soirée électorale, l'un des quotidiens les plus connus du pays a été la cible d'une cyberattaque. Le site web du journal à grand tirage Sözcü, considéré comme plus proche du camp de l'opposition, n'était en effet pas accessible dimanche soir.
Avant ces élections présidentielle et législatives historiques, les observateurs avaient mis en garde contre les attaques visant les médias indépendants dans le pays.