Gigantesque Parc offshore en Mer du Nord : il y a quand même pas mal d’obstacles sur le chemin

Magnifique projet ! Mais la Belgique elle-même va devoir mettre les bouchées doubles pour atteindre son quota dès 2030.

Martin Buxant
Alexander De Croo lundi dernier à Ostende pour le sommet de la mer du Nord.
Alexander De Croo lundi dernier à Ostende pour le sommet de la mer du Nord. Photo by Didier Lebrun / Photonews ©DLE

Quelle jolie photo que celle de notre Premier ministre, fier comme Artaban, trônant sur le pont d’un navire au large d’Ostende! C’est «Captain De Croo» entouré du Français Emmanuel Macron, de l’Allemand Olaf Scholz et du Néerlandais Mark Rutte. Ils étaient neuf au total, chefs d’État et de gouvernement des pays bordant la mer du Nord, à avoir fait le déplacement.

Même le Luxembourgeois Xavier Bettel, arguant qu’il n’avait pas de mer mais qu’il avait de l’argent à investir dans le projet pharaonique – et le terme n’est pas usurpé – dans lequel s’engagent ces pays dont la Belgique, à savoir bâtir la plus grande centrale à énergie verte au monde à l’horizon 2050. Et les chiffres donnent le vertige : les parcs éoliens de la mer du Nord délivreront alors quelque 300 gigawatts de puissance énergétique, soit l’équivalent de la production de 250 à 300 centrales nucléaires.

C’est énorme et c’est une multiplication par dix de ce que produisent actuellement les parcs éoliens déjà quasi installés à proximité.

Des objectifs intermédiaires ont été assignés à chacun des pays signataires de ces accords d’Ostende, et la Belgique elle-même va devoir mettre les bouchées doubles pour atteindre son quota dès 2030. On peut ergoter, pointer le fait que l’éolien n’est qu’une solution intermittente et qu’elle nécessite encore d’autres sources d’énergie dans un mix complet en guise d’appoint, la vérité est là : ces accords d’Ostende signifient trois choses.

1. Le chemin vers la décarbonation de notre continent devient plus concret, et 2050 semble un horizon plus atteignable pour une «Europe carbone neutre».

2. La dépendance aux énergies fossiles va se réduire et chacun doit s’en féliciter.

3. L’Europe est encore capable de faire rêver et de se mobiliser autour de grands projets fédérateurs. On n’avait plus vu cela, en réalité, depuis le passage à l’euro. À noter aussi que les pays de la mer du Nord ne rassemblent pas toute l’Europe et qu’on n’a pas à se coltiner les blocages de certains pays usuellement réfractaires, comme la Pologne ou la Hongrie. Alors, est-ce à dire que ce qu’on fait en petit comité et entre pays voisins, on le fait mieux?

Ceci précisé, il y a quand même pas mal d’obstacles qui vont se poser sur le chemin de ce gigantesque parc offshore. Le gros problème, c’est que 75 à 85 % de toute la chaîne de production des éoliennes vient de Chine. Si bien qu’en dopant les éoliennes, ce n’est pas le «made in Europe» mais le «made in China» qu’on va aider.

Il faut donc prendre garde à ne pas tomber dans le même travers que celui que nous avions vis-à-vis de la Russie, à savoir la dépendance énergétique. Il serait idiot de se battre comme des lions pour acquérir une indépendance par rapport à Moscou et de dépendre de Pékin quelques années plus tard.

Et, pour le moment, je passe sur les problèmes de permis et de recours qui entourent la plupart des projets éoliens…

Notre Premier ministre entre Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen et Olaf Scholz.
Notre Premier ministre entre Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen et Olaf Scholz. Photo by Didier Lebrun / Photonews ©DLE
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