Une brique (non polluante) dans le ventre, c'est possible
Le Parlement européen a pris une décision ambitieuse en matière d’immobilier.
Publié le 26-03-2023 à 19h44 - Mis à jour le 26-03-2023 à 17h46
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Par Martin Buxant
Ça fait du bien de parler du Parlement européen pour autre chose que des faits de corruption et des sacs en plastique remplis de billets de banque. Car le parlement a voté des textes de loi très importants en matière de lutte contre le changement climatique.
Celui-ci et l’immobilier ne font pas toujours bon ménage, puisque les chauffages domestiques à combustible sont très polluants en Europe. Ils sont même responsables de 36 % des émissions de gaz à effet de serre dans toute l’Union européenne. C’est énorme et on a parfois tendance à penser que l’automobile, l’aviation ou l’industrie sont les seuls fautifs et donc coupables du réchauffement. Mais en fait, pas du tout : c’est vous, c’est nous, c’est moi, avec notre chauffage de maison et notre mauvaise isolation.
Alors, comment fait-on pour diminuer cette pollution-là ? C’est simple, on se concentre sur les trois petites lettres que ceux qui cherchent un bien immobilier ne connaissent que trop bien : PEB. Allant de A à G, le PEB est l’indice de performance énergétique de votre habitation, A étant le meilleur et G le plus mauvais. Précisément, le Parlement a voté pour supprimer purement et simplement les plus préjudiciables à l’environnement : les indices PEB G et les PEB F. L’indice minimum qu’on devra désormais obtenir est le PEB E, et ceci pour quasiment tous les logements en 2030. Les bâtiments neufs devront, de leur côté, être neutres en carbone à partir de 2028.
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Mais le Parlement européen voudrait encore aller un pas plus loin en interdisant carrément les chauffages à combustible, voire en imposant des panneaux solaires sur tous les bâtiments où c’est techniquement faisable. Ici, des discussions doivent encore avoir lieu. L’affaire n’est pas entendue. Quoiqu’il en soit, l’intention est belle et la boussole est mise sur la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Y a plus qu’à, comme on dit. Et c’est là que le bât blesse : c’est plus vite voté que fait. Vous imaginez l’Everest de travaux de rénovation à faire en l’espace de quatre ans ? Je vous parle du parc immobilier belge, mais je ne connais pas l’état du bâti bulgare ou estonien, voire polonais. Sont-ils plus avancés que nous en la matière ? Et toutes leurs constructions sont-elles « PEB E compatibles » ? J’ai quand même quelques doutes.
Et si le gouvernement décidait pour une fois d'une grande politique belge intelligente et coordonnée de soutien à la rénovation ?
En Belgique, les chantiers doivent être sponsorisés par des primes importantes. Les crédits hypothécaires sont en berne, ils suivent une courbe inversement propositionnelle aux taux qui explosent en ce moment. Résultat : le Belge n’a plus les moyens d’avoir sa brique dans le ventre, de devenir ou d’être propriétaire. Pas certain donc qu’il ait les moyens de rénover son logement à la cadence que veut imposer le Parlement européen.
À moins que le gouvernement décide pour une fois d’une grande politique belge intelligente et coordonnée de soutien à la rénovation. Ça, ce serait canon.