Un haut général iranien tué par les États-Unis dans un bombardement à Bagdad
Ce bombardement meurtrier fait désormais redouter une nouvelle escalade entre l’Iran et les États-Unis en Irak, déjà théâtre mardi d’une attaque inédite de manifestants pro-iraniens contre l’ambassade américaine.
- Publié le 03-01-2020 à 08h49
- Mis à jour le 03-01-2020 à 08h50
:focal(1495x1005:1505x995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/UZVOVLAE35HV3LLMDIJHFN5TYQ.jpg)
Au moins huit personnes ont été tuées dans la nuit de jeudi à vendredi lors du bombardement d’un convoi à l’aéroport de Bagdad, trois jours après une attaque inédite de l’ambassade américaine par des manifestants pro-iraniens, ont indiqué des responsables des services de sécurité. Ces personnes ont été tuées lorsque des projectiles se sont abattus sur un convoi du Hachd al-Chaabi, puissante coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien, ont expliqué ces responsables sous le couvert de l’anonymat.
Parmi les victimes figurent Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi irakien et le puissant général iranien Qassem Soleimani, figure majeure du régime de Téhéran. Selon DPA, au total, cinq membres du Hachd al-Chaabi ont péri dans ces bombardements.
Sur ordre de Donald Trump
La coalition de paramilitaires a accusé les États-Unis d'être responsables de ce bombardement. Peu après l'annonce de la mort du général iranien, Donald Trump a tweeté l'image d'un drapeau américain, sans le moindre commentaire, avant que le Pentagone ne confirme avoir mené l'attaque. «Sur ordre du président, l'armée américaine a pris des mesures défensives décisives pour protéger le personnel américain à l'étranger en tuant Qassem Soleimani», a indiqué le ministère américain de la Défense dans un communiqué.
« Le président Trump vient de jeter un bâton de dynamite dans une poudrière, et il doit au peuple américain une explication », a dénoncé l'ancien vice-président Joe Biden, favori pour la primaire démocrate. « La dangereuse escalade de Trump nous amène plus près d'une autre guerre désastreuse au Moyen-Orient », a de son côté regretté Bernie Sanders, autre candidat de la primaire démocrate.
Lire aussi > En Irak, la révolte des jeunes passe aussi par leurs cheveux
Appel à la vengeance
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est engagé vendredi à «venger» la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué plus tôt dans un raid américain à Bagdad, et a décrété un deuil national de trois jours dans son pays.
«Le martyre est la récompense de son inlassable travail durant toutes ces années (…). Si Dieu le veut, son œuvre et son chemin ne s'arrêteront pas là, et une vengeance implacable attend les criminels qui ont empli leurs mains de son sang et de celui des autres martyrs», a dit l'ayatollah Khamenei sur son compte Twitter en farsi.
Escalade des violences
Ce dernier bombardement, dans la nuit de jeudi à vendredi, représente un tournant majeur pour toute la région. L’Irak, pris en étau entre ses alliés américain et iranien depuis des années, a été ces dernières semaines le théâtre d’une escalade qui menace de faire du pays un terrain d’affrontement interposé pour les deux puissances agissantes sur son sol.
Une dizaine d’attaques à la roquette ont visé depuis fin octobre des soldats et des diplomates américains, tuant il y a une semaine un sous-traitant américain. Dimanche soir, Washington, qui accuse les factions pro-Iran du Hachd al-Chaabi d’être derrière ces attaques non revendiquées, a répondu en bombardant des bases de l’une d’elles près de la frontière syrienne, faisant 25 morts. Mardi, une foule de combattants et de partisans des pro-Iran attaquaient l’ambassade américaine à Bagdad, un épisode de violence inédit qui s’est terminé mercredi avec le retrait de ces hommes de l’ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad où se trouve l’ambassade, sur ordre du Hachd.
Avec Belga