Comment l'Allemagne veut renforcer sa lutte contre l'extrême droite
L’Allemagne a dévoilé son nouveau plan visant à intensifier la lutte contre l’extrême droitesuite à une série d’attaques terroristes cette année.
Publié le 20-12-2019 à 19h24
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2 juin 2019. Le corps de Walter Lübcke est retrouvé sur la terrasse de sa maison, une balle dans la tête. Âgé de 65 ans, lepréfet de Cassel,dans l’ouest du pays, avait été menacé de mort à plusieurs reprises par des groupes d’extrême droite pour avoir soutenu la politique d’accueil des migrants d’Angela Merkel. Quinze jours plus tard, le parquet confirme l’engagement néo-nazi du suspect de ce meurtre politique. Quatre mois après ce tragique événement,une fusillade a éclaté à Halle, en Allemagne. La synagogue de la ville était visée parun adepte du « suprémacisme blanc ».
Ces deux événements marquants ont encouragé le ministre allemand de l'Intérieur à mettre en place une série de mesures pour lutter contre l'extrême droite. Mardi 17 décembre,Horst Seehofer a annoncé par exemplela création de 600 postes au sein de l'Office fédéral de police criminelle (BKA) et de l'Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service chargé du renseignement intérieur outre-Rhin. « On ne pourra lutter contre l'extrême droite avec ces deux organismes que si on augmente massivement leurs moyens », a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse, à Berlin, indique Le Monde. Ces nouveaux agents renforceront la surveillance d'activites d'extrême droite, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Cette année, ils seraient 32 000 à être traqués par les autorités fédérales, soit 8 000 de plus qu'en 2018.
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Cellule spéciale
Parmi les dispositions annoncées parHorst Seehofer figure la création d'une «cellule»spécialedestinée à « mettre en lumière les activités d'extrême droite dans la fonction publique ». Mise en place parle service de renseignement intérieur du BfV, cette structuredevra, selon le journal français, établir un audit concernant l'ensemble du secteur public, notamment l'armée et la police, au niveau de l'Etat fédéral et des Länder.
Cette décision n’est pas anodine. Elle intervient après la suspension d’unsergent des forces spéciales de l’armée allemande pour suspicion d’activisme d’extrême droite. Deux officiers d’état-major sont sous enquête pour avoir faire le salut hitlérien lors d’une cérémonie privée impliquant le sergent suspendu de ses fonctions.
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Menace pour la démocratie
« Depuis longtemps, l'extrême droite est responsable de la moitié des délits à motivation politique. Il y a également une augmentation des délits graves et une augmentation significative des discours de haine sur Internet », a déclaré Holger Munch, chef de la police criminelle fédérale allemande, lors d'une conférence de presse mardi. « Nous voyons même des mesures intimidantes telles que la publication de listes menaçantes afin de chasser les volontaires et les politiciens locaux hors de leurs fonctions, ce qui menace la démocratie.»