Sur un groupe Facebook secret, des policiers américains aux frontières échangent insultes sexistes et moqueries sur les migrants

Sur Facebook, un groupe secret rassemble des milliers de policiers américains aux frontières qui se moquent,dans la plus grande indifférence, des migrants morts et menacent des élus du Congrès.

Un enfant regarde à travers la barrière à la frontière entre le Mexique et les États-Unis,le 29 juin 2019.
Un enfant regarde à travers la barrière à la frontière entre le Mexique et les États-Unis,le 29 juin 2019. ©AFP or licensors

Des membres de la police américaine aux frontières ont échangé sur un groupe Facebook «secret» moqueries sur les migrants, insultes sexistes et menaces contre des élus du Congrès, a révélé lundi un site d'informations indépendant. Selon ProPublica, ce groupe «secret» créé en 2016 rassemble 9 500 personnes, soit la moitié des effectifs actuels du Customs and Border Protection (CBP), chargés de surveiller les frontières américaines. Baptisé «Je suis 10-15» du nom de code qui signifie «étrangers en détention», le groupe se décrit comme un forum «marrant» et «sérieux» permettant aux douaniers, anciens ou actuels, de discuter «seulement» de leur travail. «Souviens-toi que tu n'es jamais seul dans cette famille», peut-on lire dans l'introduction. Mais les commentaires des utilisateurs sont le plus souvent ironiques ou insultants, selon ProPublica qui publie plusieurs messages.

«S'il meurt, il meurt», réagit ainsi dans la plus grande indifférence un membre du groupe après le décès en mai d'un migrant de 16 ans dans un centre de détention au Texas. Un autre propose de lancer un appel aux dons en faveur du douanier qui sera «assez courageux» pour lancer un burrito sur les élues démocrates Alexandria Ocasio-Cortez et Veronica Escobar, lors de leur visite prévue ce lundi dans le centre du CBP à Clint au Texas. Ces centres, qui ont été récemment la cible d'une polémique sur les conditions de détention des migrants, ont été comparés à des «camps de concentration» par Alexandria Ocasio-Cortez.

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Un troisième message met en doute l'authenticité de la photo des corps d'un migrant et de sa fille en bas âge retrouvés la semaine dernière gisant au bord du Rio Grande. Le cliché a provoqué l'émoi et la colère au Mexique et aux États-Unis. «Vous avez déjà vu des corps flottants aussi propres», s'interroge l'auteur du message, estimant que la photo pourrait être manipulée.

«Un groupe raciste et violent»

Les méthodes de la police aux frontières sont décriées depuis les arrivées massives de migrants illégaux à la frontière avec le Mexique, qui ont saturé les structures de détention. «Il y a 20 000 agents du CBP AU TOTAL aux États-Unis. 9 500 – presque la moitié – sont dans ce groupe Facebook secret raciste et violent. Ils menacent d'être violents contre des membres du Congrès. Comment, à votre avis, traitent-ils les enfants+familles en cage ?», a dénoncé Alexandria Ocasio-Cortez sur Twitter.

«Ces commentaires et ces mèmes sont extrêmement troublants », a déclaré Daniel Martinez, sociologue à l'Université de l'Arizona à Tucson, qui étudie la frontière. «Ils sont clairement xénophobes et sexistes.»Selon lui, les messages reflètent ce qui «semble être une culture de cruauté omniprésente visant les immigrants au sein du CBP. Il ne s'agit pas que de quelques agents malhonnêtes ou de 'pommes pourries'».

La patronne du CBP, Carla Provost, a dénoncé des messages «complètement inappropriés» et «contraires à l'honneur et à l'éthique» des agents. L'agence fédérale de surveillance des frontières a annoncé qu'elle avait lancé une enquête sur ce groupe.

Avec Belga

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