Mur à la frontière : Donald Trump attise la peur et campe sur ses positions
Donald Trump a consacré sa première allocution télévisée à son projet de mur à la frontière mexicaine, pour remédier à ce qu’il a qualifié de « crise humanitaire». Les démocrates n’ont pas changé d’avis.
Publié le 09-01-2019 à 12h27 - Mis à jour le 09-01-2019 à 12h36
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D’après un article de Paris Match France deKahina Sekkai
Au 18ème jour du « shutdown », pas de signe d'avancée des négociations en vue. Donald Trump a enfoncé le clou mardi soir, lors de la première allocution télévisée de sa présidence. Il l'a consacrée à son projet de mur à la frontière mexicaine, pour remédier à ce qu'il qualifie désormais de « crise humanitaire» et de « crise du cœur et crise de l'âme» : « Les démocrates du Congrès ont refusé de reconnaître cette crise, et ils ont refusé de fournir à nos braves agents avec ce dont ils ont désespérément besoin pour protéger nos familles et notre nation», a-t-il déclaré, accusant les démocrates d'être les principaux responsables de cette fermeture partielle des administrations. Quelque 800 000 fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés, qu'ils soient contraints à travailler ou non.
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« Certains ont dit qu'une barrière était immorale. Alors pourquoi tous ces riches politiciens construisent-ils des murs, des clôtures et des portes autour de leurs domiciles ?», a-t-il demandé, reprenant un argument qu'il avait déjà avancé fin décembre, en évoquant la maison de Barack Obama –et en mentant sur la hauteur de la clôture construite.
«C’est un choix entre le bien et le mal»
« La seule chose immorale est que les politiciens ne font rien et qui laissent davantage d'innocents être horriblement persécutés», a poursuivi le président américain. « Quelle quantité de sang américain doit être versé avant que le Congrès ne fasse son boulot ? », a-t-il ajouté, citant des crimes commis par des sans-papiers. « C'est un choix entre le bien et le mal, la justice et l'injustice. Il s'agit de remplir notre devoir sacré envers les citoyens américains que nous servons».
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Un discours écrit pour attiser la peur, même si les chiffres officiels montrent que l'entrée illégale d'immigrés chute depuis 20 ans et qu'« aucune preuve crédible» n'a pu soutenir l'affirmation de Donald Trump selon laquelle des terroristes passaient à travers la frontière mexicaine pour entrer aux États-Unis.
La menace de déclarer l’état d’urgence
Selon Donald Trump, le « shutdown » pourrait « être résolu avec une réunion de 45 minutes» si les démocrates votaient le budget pour construire cette « barrière en métal et non un mur en béton», ce qu'il présente comme une concession de sa part –tout en menaçant de déclarer l'état d'urgence pour obtenir les 5,7 milliards de dollars nécessaires, une procédure qui mènerait à une bataille judiciaire pour vérifier sa constitutionnalité.

Un mur dont Donald Trump persiste à dire qu'il sera aussi payé « indirectement par le nouvel accord commercial passé avec le Mexique», ce qui est faux : l'accord, qui n'a pas encore été validé par le Congrès, devrait bénéficier aux entreprises et travailleurs américains, précise le New York Times, et non pas contribuer à une cagnotte pour payer cette séparation physique.
Outre le passage d'« immigrés illégaux», Donald Trump a dénoncé le passage de drogues par la frontière sud, citant entre autres le fentanyl, un des produits au cœur de la crise des opiacés aux États-Unis. Seulement, comme le New York Timesl'a rappelé, la plupart du temps, le fentanyl arrive par colis depuis la Chine ou à travers la frontière canadienne. L'affirmation que « le mur à la frontière serait rapidement rentabilisé tout seul», car il permettrait d'arrêter le passage de drogue, est quant à elle difficilement quantifiable.
«Le président Trump doit cesser de prendre le peuple américain en otage»
La réponse des démocrates à cette déclaration de neuf minutes n'a pas tardé. Nancy Pelosi, la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, a dénoncé le ton alarmiste de nouveau utilisé mardi soir : « Le président Trump doit cesser de prendre le peuple américain en otage, doit cesser de créer une crise et doit rouvrir le gouvernement», a-t-elle martelé, après avoir proposé sans succès une enveloppe de 1,8 milliard de dollars pour « la sécurité aux frontières», qui inclurait également une aide d'urgence aux immigrés placés en détention dans des conditions régulièrement dénoncées par les démocrates.
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Cinq sénateurs républicains ont affiché leur soutien à un plan des démocrates de réouverture des administrations, sans attendre un accord sur la sécurité aux frontières. Mais le patron républicain du Sénat Mitch McConnell a assuré qu'il n'irait pas contre Donald Trump pour faire voter la moindre fin du « shutdown » tant que le budget du mur n'est pas validé. « Nous ne paierons pas une rançon de 5 milliards de dollars pour votre mur médiéval à la frontière. Et rien de ce que vous venez de dire ne changera la réalité», a résumé Hakeem Jeffries, élu démocrate de New York à la Chambre des représentants.
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