Le mème n'est pas (encore) mort
L'Europe s'apprête-t-elle à casser internet ?Une directive sur lecopyright est discutée pour l'instant au Parlement européen. Les plateformes pourraient empêcher le partage de mèmes et GIFs.
- Publié le 06-07-2018 à 12h00
- Mis à jour le 06-07-2018 à 12h35
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Imaginez :vous souhaitez poster publiquement, sur Facebook par exemple, une image. Celle-ci sera alors passée au filtre. Si ces filtrages automatiques remarquent qu’un ou plusieurs éléments du mème sont soumis aux droits d’auteur, le mème tout entier pourrait être bloqué automatiquement.

L'article 13 du projet de directive impose en effet aux entreprises du web des filtres automatiques pour scruter tous les contenus de leurs utilisateurs. Les posts seront ainsi examinés afin d’empêcher qu’ils ne postent une photo ou une chanson dont ils ne disposeraient pas des droits d'auteur.
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Cet article instaure donc un filtrage automatique des œuvres, avant même leurs publications. Il inverse la logique actuelle, qui permet aux plateformes type YouTube de supprimer une vidéo après sa publication si elle est contraire au droit d'auteur. Un premier vote ce jeudi 5 juillet a rejeté la directive européenne. Mais elle sera rediscutée en septembre en séance plénière.

En théorie, les GIF et les mèmes pourront donc être concernés par la nouvelle directive, même s’ils n’en sont pas la première cible.Des critiques redoutent surtout que ce système de filtre conduise toutes les entreprises d’Internet àscruter ce que postent leurs utilisateurs.
Save your internet
Depuis des mois, des activistes se battent pour l'abandon de l'article 13. Plusieurs dizaines de figures du net ont pris ouvertement position en juin. Unelettre ouverteadressée au Président du Parlement a été signée par septante personnalités dont le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales etTim Berners-Lee, principal inventeur du World Wide Web. Ils décrivent l'article 13 comme «un outil de surveillance et de contrôle des utilisateurs» et une «étape sans précédent».
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Si les opposants ont obtenu quelques concessions, ils continuent de demander la suppression pure et simple de l'article 13. Sur le siteSave your internet(Sauvez internet), les critiques au projet appellent les internautes à contacter les parlementaires européens pour les inciter à voter contre la directive.