Fin du programme DACA : Face à Trump, Obama monte au créneau et défend

L’ancien président américain Barack Obama a pris la parole pour dénoncer une décision de Donald Trump, l’arrêt du programme DACA, qui protégeait de l’expulsion les enfants de sans-papiers arrivés illégalement aux Etats-Unis.

La Rédaction
Kahina Sekkai
Barack Obama, en juin 2014.
Barack Obama, en juin 2014.

L’ancien président américain Barack Obama a pris la parole pour dénoncer une décision de Donald Trump, l’arrêt du programme DACA, qui protégeait de l’expulsion les enfants de sans-papiers arrivés illégalement aux États-Unis.

Depuis le début de son mandat, Donald Trump s'emploie à détruire les réformes de Barack Obama. Après s'être attaqué à l'Obamacare, le système de santé mis en place par son prédécesseur, le nouveau président américain a confirmé mardi l'arrêt, dans six mois, de DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals). Ce programme mis en place il y a cinq ans protégeait jusqu'à présent les enfants de sans-papiers arrivés illégalement dans le pays. Il compte 800 000 personnes qui ont en majeure partie grandi aux États-Unis et leur confère le droit d'étudier et de travailler légalement grâce à un statut temporaire de deux ans renouvelables. Donald Trump veut rendre expulsables ces personnes qui, selon lui, volent le travail « de millions d'Américains persécutés par ce système injuste » et qui « refuse des emplois à des centaines de milliers d'Américains en permettant à des étrangers illégaux de les prendre », a complété le ministre de la Justice Jeff Sessions.

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D'ordinaire silencieux, Barack Obama s'est exprimé pour dénoncer cette décision. Pour l'ancien président, « la protection des frontières et une économie dynamique » ne sont « pas le sujet de la décision prise par la Maison Blanche »: « Ce sont de jeunes gens qui ont grandi en Amérique –des enfants qui ont étudié dans nos écoles, de jeunes adultes qui démarrent leurs carrières, des patriotes qui prêtent allégeance à notre drapeau. Ces Dreamers [les Rêveurs, le surnom des bénéficiaires du programme] sont Américains dans leurs cœurs, leurs esprits, de toutes les façons sauf d'une: sur leurs papiers. […] Ils apprennent souvent qu'ils n'ont pas de papiers quand ils répondent à une offre d'emploi, s'inscrivent à l'université ou pour le permis de conduire ».

«C’est une décision politique et une question morale»

Barack Obama s'en est ensuite pris au Congrès dominé par les républicains qui, sous sa présidence, ne lui a jamais donné la possibilité de ratifier « une loi pour dire à ces jeunes gens, nos jeunes gens, que si leurs parents les ont emmenés étant enfants, qu'ils ont passé un certain nombre d'années ici, qu'ils sont prêts à aller à l'université ou s'engager dans l'armée, alors ils auront une chance de rester et d'obtenir la nationalité ». Le programme DACA a été mis en place pour pallier à ce manquement légal, a précisé le démocrate: « Nos agences de contrôle de l'immigration ont des ressources limitées, et il est logique de concentrer ces ressources sur ceux qui sont venus illégalement dans ce pays pour nous nuire. Les expulsions de criminels ont augmenté. Quelque 800000 jeunes gens se sont manifestés, ont rigoureusement rempli les critères, et ont fait l'objet de contrôles approfondis. Et l'Amérique s'est renforcée ».

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« C'est une décision politique et une question morale », a ainsi dénoncé Barack Obama. « Et si la professeur de sciences de nos enfants, ou notre gentille voisine s'avère être une Dreamer? Où devons-nous l'envoyer? Vers un pays qu'elle ne connaît pas ou ne se souvient pas, qui parle une langue qu'elle ne comprend peut-être même pas? »

Le message de Barack Obama a suscité plus de 1,1 million de réactions sur Facebook en moins de 12 heures. Une nouvelle preuve de la puissance de l'ancien président sur les réseaux sociaux. Le mois dernier, son message rédigé après la mort d'une contre-manifestante à un rassemblement de l'extrême droite et de racistes à Charlottesville est devenu le plus aimé de Twitter avec 4,6millions de « like ».

Trump veut une législation au Congrès

Donald Trump n'a techniquement pas fermé la porte aux Dreamers, assurant qu'il avait « beaucoup d'amour » pour eux, expliquant sur Twitter qu'il donnait au Congrès six mois pour légiférer sur ce programme avant de « réexaminer le sujet ».

Mais un accord en faveur de ces 800 000 sans-papiers, obtenu avec une majorité républicaine, semble tellement improbable que l’issue semble déjà tranchée. D’ici là, aucune nouvelle demande ne sera étudiée et les bénéficiaires le resteront jusqu’à expiration de leur statut.

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