En Tanzanie, défendre le droit des homosexuels passible d'arrestation et d'expulsion
Le ministre tanzanien de l’Intérieur a menacé «d’arrêter et de poursuivre en justice» ceux qui défendent les intérêts des homosexuels.
Publié le 26-06-2017 à 20h55 - Mis à jour le 26-06-2017 à 21h07
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Défendre le droit des homosexuels en Tanzanie pourrait bientôt devenir un crime. C’est en tous cas ce que laissent entendre les propos du ministre de l’Intérieur du pays, rapportés par l’AFP.
«Je voudrais rappeler et avertir toutes les organisations et institutions qui font campagne et prétendent défendre les intérêts des homosexuels. Nous allons arrêter et traduire en justice tous ceux qui sont impliqués», a lancé ce dimanche 25 juin le ministre tanzanien de l'Intérieur, Mwigulu Nchemba, lors d'une cérémonie de levée de fonds pour la construction d'une église à Dodoma, dans le centre du pays.
Ceux qui veulent l'homosexualité devraient partir vivre dans les pays qui acceptent ce genre de pratiques.
«Arrêter et traduire en justice» toutes les organisations qui défendent les droits des homosexuels, c'est ce qu'a annoncé M. Nchemba en menaçantd'expulser «sans le moindre délai» tout étranger pris à mener des campagnes pour le compte de ces organisations.
Gouvernement hostile
Selon l'AFP et le quotidien gouvernementalDaily News, Mwigulu Nchemba a également prévenu que «s'il y a une organisation dans le pays qui soutient et plaide en faveur de l'homosexualité, elle perdra son enregistrement». «Si nous trouvons un étranger menant cette campagne, il ou elle sera déporté(e) sans le moindre délai. Ils n'auront même pas le temps de retirer leur téléphone portable de la prise électrique», a-t-il par ailleurs menacé.
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Un discours en parfaite résonanceavec celuiduprésident tanzanien John Magufuli qui récemment, s'en étéégalement pris aux défenseurs des droits des homosexuels. Ce dernier avait été jusqu'à exhorter son peuple à ne pas«imiter ces pratiques indignes».
Ils nous ont apporté la drogue, les pratiques homosexuelles que même les vaches réprouvent.
Si l'homosexualité est illégale en Tanzanie – et punie de lourdes peines de prison – les multiples menaces du gouvernement sur une «traque» aux homosexuel n'ont jusqu'à présent jamais été mises en exécution. Le président du pays a néanmoinsvivement critiqué l'aide «brandit» par les pays occidentaux lors de son récent discours, ajoutant :«ce sont les ressources qu'ils nous volent !».
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Manifestement hostile à la communauté LGBT, le gouvernement tanzanien avait déjà en février dernierdresséune liste de noms des personnes présentées comme homosexuelles dans le pays. Si cette liste n’a encore jamais vu le jour, les autorités avaient toutefois ordonné la fermeture de plusieurs centres de santé dédiés à la lutte contre le sida, les accusant de «promouvoir l’homosexualité», rapporte l’AFP.