Des propos de Macron sur la colonisation font polémique
Le candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron, a déclenché un concert d'indignation à droite en affirmant que la colonisation est un «crime contre l'humanité».
La Rédaction- Publié le 16-02-2017 à 09h47
- Mis à jour le 16-02-2017 à 09h48
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Le candidat d’En Marche!, Emmanuel Macron, a déclenché un concert d’indignation à droite en affirmant que la colonisation est un «crime contre l’humanité».
Emmanuel Macron a réveillé la droite. En prenant position en Algérie dans une interview à la chaîne privée Echourouk News sur la question de la colonisation, le candidat d’En Marche! ne pouvait ignorer qu’il allait susciter une polémique. «La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes», a-t-il déclaré. L’ex-ministre affirme également ne pas vouloir «balayer tout ce passé». Le qualificatif de «crime contre l’humanité» ne pouvait manquer de faire réagir l’opposition. La droite avait oeuvré, en 2005, pour que la France inscrive dans une loi que les programmes scolaires doivent reconnaître le «rôle positif» de la colonisation. Cette disposition avait été supprimée dès 2006.
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En meeting à Compiègne, mercredi soir, le candidat de la droite François Fillon n’a pas manqué d’attaquer l’ancien locataire de Bercy. «Cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d’un candidat à la présidence de la République. Il y a quelques temps, monsieur Macron trouvait des aspects positifs à la colonisation. Ca veut dire qu’Emmanuel Macron n’a aucune colonne vertébrale. Il dit simplement ce que ceux qui l’écoutent veulent entendre», a dit le député de Paris. En octobre, dans «Le Point», Emmanuel Macron avait en effet tenu des propos d’une teneur bien différente : «Alors oui, en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie», confiait-il à l’époque.
«Pas digne d’un chef d’Etat»
L’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dénoncé ce qu’il considère comme une manoeuvre du candidat Macron. «Opposer les Français, ressortir ces histoires pour diviser, pour remobiliser, je vois bien les soucis électoraux qu’il y a derrière tout ça. Ce n’est pas digne d’un chef d’Etat d’aller agiter des cicatrices qui sont encore très douloureuses», a-t-il dit sur BFMTV. Le député sarkozyste Gérald Darmanin a estimé sur Twitter qu’Emmanuel Macron «insulte la France à l’étranger». Au Front national, Marion Maréchal-Le Pen a caricaturé Emmanuel Macron en candidat «de la repentance».
Sur France 2, jeudi matin, la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, a apporté un soutien distancié à Emmanuel Macron. «Je n’utiliserais pas le terme de crime contre l’humanité, parce que c’est une notion juridique très particulière et je pense qu’il faut utiliser les bons mots au bon endroit. Mais dire que la colonisation fait partie de notre histoire et que c’est une horreur de notre histoire, je pense qu’il faut le dire», a déclaré l’écologiste. «Ça n’a rien à voir avec la repentance. La France doit reconnaître ses erreurs comme ses gloires et la colonisation fait partie de ces erreurs», a-t-elle ajouté. «Il y a eu des effets certainement positifs pour celles et ceux qui ont exploité les matières premières, par exemple de l’Algérie, et qui continuent à le faire, je pense à certains groupes français», a encore noté Emmanuelle Cosse.
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