Pour sa campagne, Benoît Hamon s'entoure d'une équipe sur mesure

L'ombre de Martine Aubry plane sur l'équipe de campagne du candidat socialiste.

Belga
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Afin d’assurer sa campagne, le candidat socialiste fait appel à des experts, des citoyens et des politiques. Son maître mot ? «L’ouverture».

D'après un article PARIS MATCH FRANCE de Eric Hacquemand

« Float like a butterfly, Sting like a bee (Vole comme le papillon/ Pique comme l'abeille) » A côté de deux gants de boxe accrochés au mur, le poster de Mohamed Ali trône en bonne place dans le bureau de Benoît Hamon. On y trouve aussi une photo de Barack Obama courant, cravate au vent, vers la victoire en 2008. C'est dans le Xe arrondissement de Paris, tendance bobos, que le candidat socialiste à l'élection présidentielle a installé son QG de campagne inauguré cet après-midi. A cette occasion, Benoît Hamon a levé le voile sur son équipe dans laquelle ses proches et ceux de Martine Aubry se taillent la part du lion.

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Maître-mot du candidat, «l’ouverture». «Ce n’est ni le congrès, ni le conseil national du PS», relève d’emblée Benoît Hamon. Dans les faits, un «conseil d’experts» composé de huit personnalités est donc mis en place. On y trouve notamment l’économiste Thomas Piketty, bombardé « conseiller Europe ». Au risque de faire tousser certains socialistes : hostile à l’austérité, l’économiste à succès fustigeait il y a encore peu François Hollande pour ne pas avoir renégocié le traité budgétaire européen de 2012… Autre expert, Salah Amokrane ex-membre du groupe Zebda et symbole de cette gauche associative que le candidat rêve de rassembler. S’ajoute un « conseil citoyen » d’une quarantaine d’anonymes, de gauche, tirés au sort (après appel à candidatures) et chargés d’évaluer les propositions du candidat : dix ans après avoir été moquée, c’est le triomphe de la démocratie participative à la Ségolène Royal…

Enfin, sept porte-paroles (dont quatre femmes) sont nommés dans un effort de renouvellement et d’union. A la jeune élue de Bondy (Seine-Saint-Denis) Aissata Seck, connue pour son combat en faveur de la naturalisation des tirailleurs sénégalais, s’ajoutent la «recrue» Frédérique Espagnac, ex-attachée de presse de Francois Hollande au PS. Mais aussi Aurélie Filippetti, ex-ministre de la Culture et soutien d’Arnaud Montebourg. Un proche de Manuel Valls se trouve à la tête du «conseil des parlementaires» : le sénateur-maire d’Alfortville (Val-de-Marne) Luc Carvounas. En attendant une nouvelle fournée de soutiens dans les jours à venir alors que les fidèles de l’ancien Premier ministre doivent, pour l’heure, se contenter de la portion congrue…Quid d’Arnaud Montebourg ? De Vincent Peillon ? Des ministres et personnalités socialistes ? Un «conseil politique» d’une trentaine de membres est créé sur le modèle de celui que dirigeait François Hollande en 2012.

L’ombre de Martine Aubry

«Ouverture», «diversité», «rassemblement» : en façade, toutes les cases sont donc cochées. Mais y regarder de plus près, Benoît Hamon a surtout placé aux postes-clefs des hommes et femmes de confiance issus de ses rangs et de ceux de Martine Aubry. La direction est ainsi assurée par la doublette Jean-Marc Germain, ex-directeur de cabinet de Martine Aubry, et Mathieu Hanotin, le député qui a dirigé la campagne victorieuse de la primaire. Un pari risqué : «Deux généraux sur le champ de bataille, c’est compliqué», reconnait un vieux routier des campagnes électorales socialistes. La brièveté d’une campagne d’à peine deux mois et demi avant le premier tour le 22 avril prochain oblige, en effet, à l’efficacité.

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En 2007, le binôme constitué de François Rebsamen et de Patrick Menucci avait connu des soubresauts avec, au final, la défaite de Ségolène Royal face à Nicolas Sarkozy. Chargé de faire fonctionner au quotidien la machine, l’énarque Agathe Cagé, co-signataire d’une tribune de soutien au revenu universel universel de Benoit Hamon en janvier dernier, devient secrétaire générale. Autre secteur-clef, les relations avec les «partenaires extérieurs» (partis, syndicats etc…) : il reviendra au duo Pascal Cherki, fidèle de Benoit Hamon, et François Lamy, lieutenant de Martine Aubry, de mener la barque.Alors même que le candidat s’est fixé l’objectif de rassembler large pour espérer passer le cap du premier tour, des écologistes aux communistes.

Le projet est, lui, entre les mains de l’eurodéputé Guillaume Balas, compagnon de route de Benoit Hamon depuis les années 1990. Enfin, l’argent étant le nerf de la guerre y compris en matière electorale, le député Régis Juanico, ami de Benoit Hamon, est le mandataire financier de la campagne. Cette équipe n’est pas sans rappeler celle qui, de 2008 à 2012, a tenu les rênes du PS sous la direction de Martine Aubry, première secrétaire. Reconstitution d’une ligue dissoute…

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