Charlène de Monaco : sa tribune pour la Journée de l’Enfant Africain
À l’occasion de la Journée mondiale de l’Enfant Africain,S.A.S. La Princesse Charlène de Monaco dans une tribune exclusive.
- Publié le 16-06-2017 à 09h45
- Mis à jour le 16-06-2017 à 09h50
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D'après un article PARIS MATCH FRANCE, parS.A.S. La Princesse Charlène de Monaco.
L’eau est présente partout, et en toute chose et en toute personne sur cette merveilleuse planète qui est la nôtre. 70 pour cent de la surface de la Terre est couverte par des océans, des mers, des rivières, des lacs et des glaciers. L’eau est dans l’air que nous respirons, dans le sol sur lequel nous marchons, et nous, les humains, sommes majoritairement constitués d’eau également. L’eau, en résumé, c’est la vie. Et pendant longtemps, l’eau a été ma vie. La découverte de la joie de nager m’a donné l’inspiration pour consacrer 20 années de ma vie à l’entraînement et à réaliser mon rêve de devenir une nageuse olympique. M’entraîner et concourir dans l’eau m’ont appris l’importance de la discipline, le respect de soi et des autres, l’esprit d’équipe, et le dévouement. Plus important encore, j’ai vu comment la natation pouvait non seulement changer des vies, comme elle l’a fait pour moi, mais aussi sauver des vies.
Mon histoire d’amour pour l’eau m’a entraînée au sommet du sport, et il représente toujours une grande partie de ma vie, que ce soit le surf ou le paddleboard, la course sur un waterbike pour une œuvre caritative, des longueurs dans la piscine, ou jouer avec l’eau avec mes enfants. Malgré cela, je suis également bien consciente des risques liés à l’eau. Apprendre le respect de l’eau, et apprendre à nager et à rester dans l’eau en toute sécurité peuvent réduire ces risques, donner confiance et une liberté formidable.
Au cours de ma carrière de nageuse en compétition, il était important pour moi de partager ma passion et ma connaissance de l’eau avec mes enfants, et leur apprendre à être en sécurité dans l’eau. Aujourd’hui, j’ai mes propres enfants, et l’une de mes grandes priorités a été de leur apprendre à nager. C’est une compétence vitale essentielle, comme apprendre à traverser une route en toute sécurité. Un nombre très élevé de personnes, souvent des enfants, se noient car elles ne savent pas nager. En Afrique du Sud, là où j’ai grandi, la noyade est la 2ème cause de mort accidentelle après les accidents routiers. On n’en parle pas souvent. On pourrait dire qu’il s’agit d’une épidémie dissimulée sur un continent prétendument aride. En fait, l’Afrique a de vastes étendues de mers, de lacs et de rivières. Dans les villes côtières telles que Dakar, Durban, Dar Es Salaam et Freetown, on voit souvent le rivage bondé de monde mais, parce que ces personnes ne savent pas nager, elles se trempent simplement les pieds juste au bord de l’eau. Le problème, c’est qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’un enfant, ou un adulte, glisse et se noie dans quelques centimètres d’eau ou soit emporté par une vague scélérate ou par le courant.
Ensemble, nous pouvons sauver des vies.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que la noyade provoque la mort de plus de 60 000 enfants de moins de cinq ans, et plus de 360.000 personnes dans le monde chaque année. Elle tue aujourd’hui autant que les maladies telles que la diarrhée et la rougeole dans les années 1970 et 1980. Comme pour ces grandes épidémies mortelles, il faut engager un effort concerté et coordonné pour prévenir les décès par noyade. Les statistiques de décès par noyade en Afrique sont malheureusement les plus élevées au monde, mais elles se produisent tellement quotidiennement qu’elles ne sont guère mentionnées dans les médias locaux.
En tant que Marraine de la Société de la Croix-Rouge Sud-Africaine, je fais la promotion de la sécurité aquatique et de l'apprentissage de la natation, ainsi que les premiers secours et la formation à la réanimation cardio-respiratoire : pour les enfants et par les enfants. Cette éducation est cruciale pour sauver des vies et mettre un terme au chagrin inutile qui afflige les familles de ceux qui se noient.
En 2012, j'ai créé ma Fondation pour enseigner aux enfants les compétences essentielles de la sécurité aquatique et de la natation et, à ce jour, nous avons touché plus 300 000 personnes, principalement des enfants, dans 30 pays. Doter les jeunes enfants des compétences vitales essentielles ne sauvera pas seulement des vies, elles les prépareront également à un avenir dans lequel ils pourront être actifs et des citoyens responsables. Comme Nelson Mandela nous l'a rappelé, « Nos enfants sont le roc sur lequel sera bâti notre avenir, notre plus grand atout en tant que nation. Ils seront les dirigeants de notre pays, les créateurs de notre richesse nationale, ceux qui protègent et se préoccupent de notre peuple. » C'est la raison pour laquelle, cette année, nous avons organisé le Riviera Water Bike Challenge, une course relais ProAm de 21 km entre Nice et Monaco, avec 10 équipes de 5 compétiteurs, un événement qui a vu David Coulthard, Nico Rosberg, Paula Radcliffe, Ryk Neethling et Percy Montgomery, entre autres, batailler tout au long de la Côte d'Azur pour être couronnés champions. Ce projet a levé des fonds pour concevoir et établir le premier centre de sauvetage aquatique au Burkina Fasso, un projet ambitieux pour ma Fondation en partenariat avec la Croix Rouge de Monaco et la Croix Rouge du Burkina Faso.
En cette Journée de l’Enfant Africain, au moment où nous célébrons la joie, le rire et l’avenir de nos précieux enfants, j’en appelle aux gouvernements du monde entier pour qu’ils inscrivent sur l’agenda du développement la sécurité aquatique et la fin de la noyade. Si les pays, les ONG et les organismes internationaux réunissent leurs forces, la noyade ne sera plus un tueur silencieux, en Afrique ou ailleurs. Ensemble, nous pouvons sauver des vies : une personne, une famille, une communauté à la fois. L’eau est précieuse, et nos enfants le sont aussi.
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