La Méditerranée se noie dans le plastique
La Méditerranée menace de se transformer en «mer de plastique», met en garde vendredi le WWF, qui propose une série de mesures pour la sauver des déchets plastiques qui l’asphyxient comme aucune autre mer au monde.
- Publié le 08-06-2018 à 09h57
- Mis à jour le 08-06-2018 à 09h40
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L'association compile une série de données scientifiques alarmantes, dans un rapport publié vendredi : la mer Méditerranée concentre un niveau record de «micro-plastiques», ces miettes de moins de 5 millimètres, qui empoisonnent toute la chaîne alimentaire jusqu'à menacer la santé humaine. Au total, «la concentration de micro-plastiques est presque quatre fois plus élevée» dans cette mer quasi fermée que dans les «continents» de déchets plastiques repérés dans les océans, souligne le WWF. Conséquence : la Méditerranée est considérée comme la sixième plus grande zone d'accumulation de déchets marins. L'Europe est également le deuxième plus grand producteur mondial de plastique après la Chine et rejette en mer chaque année près de 500 000 tonnes de macroplastiques et près de 130 000 tonnes de microplastiques. Si le plastique est omniprésent dans la vie quotidienne, seulement un tiers de ces déchets sont recyclés en Europe.
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« Nous produisons en Europe une quantité énorme de déchets plastiques dont la majorité est envoyée en décharge, avec pour résultat l'acheminement de millions de tonnes de plastique en Méditerranée chaque année. La conséquence de ce flot de contamination, associé à la spécificité de la Méditerranée qui est une mer semi-fermée, est le niveau de concentration record de dangereux microplastiques qui menacent à la fois les espèces marines et la santé humaine. On ne peut pas laisser la Méditerranée se noyer dans le plastique», alerteGiuseppe Di Carlo, directeur de l'Initiative Méditerranéenne Marine du WWF.
Mesures à adopter
Pour changer la donne, l’ONG plaide pour un accord international contraignant pour réduire les rejets plastiques ou encore la lutte contre le matériel de pêche «fantôme», abandonné dans l’eau. Au niveau des pays riverains, le WWF appelle à booster le recyclage et la collecte des déchets, au nord comme au sud, à interdire tous les sacs plastiques à usage unique et l’ajout de micro-plastique, par exemple dans les détergents ou les cosmétiques, d’ici 2025.

L'industrie doit développer des alternatives «recyclables ou compostables» aux plastiques, et produire à partir de matières renouvelables et non plus de dérivés du pétrole. «L'industrie du tourisme (…) devrait éviter d'utiliser des articles en plastique à usage unique tels que sacs, bouteilles, bouchons ou pailles», estime le rapport.
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À l’échelle individuelle
L’association prône également une chasse au plastique à l’échelle individuelle : préférer le fil dentaire biodégradable, les peignes et pinces à linge en bois, les éponges en cellulose, la vaisselle en céramique, les bouteilles en verre, les serviettes en coton, ou encore les tapis de yoga en fibre de bambou. D’une manière générale, acheter en vrac ou au poids et ne pas jeter ses déchets n’importe où contribueront à sauver la Méditerranée.
Avec Belga