Incendies de Los Angeles : le paradis s'est transformé en enfer
Si l'incendie de Skirball, qui a ravagé le riche quartier de Bel Air à Los Angeles, est presque éteint, ce mercredi, il laisse derrière lui un paysage de cendres et de ruines.
- Publié le 14-12-2017 à 17h13
- Mis à jour le 14-12-2017 à 17h16
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Si l’incendie de Skirball, qui a ravagé le riche quartier de Bel Air à Los Angeles, est presque éteint, ce mercredi, il laisse derrière lui un paysage de cendres et de ruines.
« Une tragédie taillée dans le vison » ainsi titrait le magazine Life en 1961. En deux jours dans les canyons de Bel Air et de Brentwood un gigantesque incendie avait ravagé plus de 500 maisons. Kim Novak et Maureen O'Hara essayant au péril de leur vie d'arrêter les flammes avec des tuyaux d'arrosage ce n'était pas du cinéma. Burt Lancaster en larmes devant sa villa partie en fumée, mais soulagé d'avoir sauvé sa collection de tableaux abritée par le musée de Los Angeles. Robert Taylor qui court se réfugier chez Ronald Reagan. Zsa Zsa Gabor, plus attristée par la perte de ses bijoux que par ses murs en cendres. Bâties dans les années 1920 par un baron du pétrole, les collines de Bel Air, à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau du campus de Ucla, restent l'enclave des riches de Los Angeles.
Les camions de pompiers ont remplacé les Bentley
Et des stars. Jennifer Lopez s’y est offert l’année dernière une propriété pour 28 millions de dollars et Jennifer Aniston pour 21. Mais si l’argent protégeait des catastrophes, ça se saurait. Cette semaine en quelques heures plus de 500 acres de bois et 4 maisons ont été dévorés par les incendies. Sur Sunset Boulevard à l’une des entrées du parking ultra-sécurisé de Bel Air, les camions de pompiers ont remplacé les Bentley et les black SUV aux vitres fumées. Des barrages de police à chaque entrée empêchent les curieux d’accéder, ne laissant passer que les résidents et le personnel. Pendant que 400 pompiers essaient de contenir le feu dans le cœur du canyon pour l’empêcher de s’approcher des maisons, sur les crêtes des collines, dans un ciel de sang, hélicoptères et Canadair déversent des torrents d’eau. En 2013, le magnat de la presse Rupert Murdoch achetait pour 30 millions de dollars les vignobles de Moraga. Depuis, il y vit une partie de son temps avec sa femme Jerry Hall.
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En quelques heures, ce paradis est devenu la proie des flammes. L'immensité de la propriété et sa situation exceptionnelle inquiètent les pompiers. On se souvient qu'en octobre dernier dans les vignobles au nord de la Californie et à Santa Rosa, les flammes avaient fait 44 victimes. La décision est prise de combattre l'incendie depuis le ciel. Quelques heures plus tard l'homme d'affaires annonce dans un communiqué que quelques bâtiments ont pourtant été gravement endommagés sur le vignoble. Sa maison est intacte. Non loin de là la propriété de Beyoncé et de Jay-Z estimée 135 millions de dollars a, par miracle, échappé au pire. Sur les réseaux sociaux, les stars lancent des appels pour venir en aide aux victimes. Kim Kardashian la première : «Chaque petite chose compte » dit-elle.
La couleur du système d’alerte est passée du rouge au violet
Eva Longoria poste de New York une photo des incendies. Son frère, explique-t-elle, est en train d’évacuer sa maison. Comme Gwyneth Paltrow elle demande de prier pour les courageux pompiers, hommes et femmes. Paris Hilton dont la maison est aussi évacuée est follement inquiète pour ses animaux. Lionel Richie annonce sur Twitter qu’il annule son spectacle pour venir en aide aux familles. Le feu est passé à quelques mètres de sa propriété, m’explique Mohamed Hadid. Par sécurité le promoteur installe des extincteurs sur tous les toits de ses maisons. Protégé par un système de filtrage d’air extrêmement sophistiqué qui empêche la fumée de se répandre dans les galeries, le musée Getty avec ses Iris de Van Gogh, ses Monet, a fermé ses portes au public. Il est à son tour menacé par les flammes.

La ceinture de feu se resserre autour de Los angeles. Pour la première fois, la couleur du système d’alerte est passée du rouge au violet. Dans la région de San Diego, 4000 acres sont partis en fumée obligeant des milliers de résidents à évacuer dans la nuit. Plus de 5000 pompiers venus en renfort de tous les États luttent sans discontinuer. Ils sont exsangues. Les yeux piquent, les gorges brûlent. Sur des kilomètres les cendres recouvrent les voitures, la fine pellicule se glisse sous les portes. Au nord de Los Angeles le comté de Santa Barbara est en état d’alerte. Deux cent mille acres sont touchés. Ce n’est pas la première fois que les habitants du sud de la Californie sont menacés, mais l’ampleur du drame, aujourd’hui, dépasse tout. Sur les portables, les alertes d’urgence n’arrêtent pas de sonner. Se saisissant de tout ce qui leur tombe sous la main, armés de simples seaux d’eau, de tuyaux d’arrosage, des habitants désespérés se joignent aux pompiers pour lutter comme ils le peuvent contre les flammes qui ravagent leurs maisons. Bougainvilliers et plantations d’avocats brûlent comme du papier. Les sapins de Noël et leurs décorations partent en fumée. Le bruit des bouteilles de propane qui explosent dans la nuit décuple la peur.
La moindre étincelle est porteuse de mort
La moindre étincelle est porteuse de mort. La fermeture des freeways qui provoque des embouteillages monstres, ralentit dangereusement les évacuations. Les habitants qui n’ont d’autre issue que de s’échapper par la route, se retrouvent encerclés. Le vent du désert de Santa Anna qui n’a jamais été aussi violent à cette saison peut en quelques minutes attiser les incendies sur des kilomètres. Les maisons détruites se comptent désormais par centaines. Dans le comté de Ventura la petite ville de Ojai de 7500 habitants, lieu de prédilection des chercheurs en mal de spiritualité, avait déjà été ravagée en 1917. Recouverte de cendres elle est devenue une ville fantôme. L’amplitude des incendies dans cette région dépasse l’imagination. Dans la vallée San Fernando plus de 300 écoles ont fermé. Les déplacés, des Latinos pour la plupart qui vivent à l’année dans des mobil-homes, sont presque tous des sans-papiers qui n’ont droit à aucune aide d’urgence.
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Ils ont tout perdu en quelques heures et n'ont que leurs yeux pour pleurer. Des centaines de chevaux sont évacués des étables en feu, mais dans la vallée San Fernando une cinquantaine de carcasses encore fumantes jonchent les bords des routes pendant que dans les ruines, une femme hébétée cherche après l'urne qui contenait les cendres de ses parents. Que ce soit à Santa Clarita, sur les collines de San Bernardino ou à San Fernando, le scénario est le même. Sans pluie, le feu risque de continuer pendant des semaines. Le gouverneur Jerry Brown qui a déclaré l'état d'urgence critique violemment et publiquement Donald Trump lui reprochant de mettre en doute le réchauffement climatique. « La nature, dit-il n'est pas un jeu politique ».
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