La Bees Coop, quand supermarché rime avec équité

La BEES coop, premier marché coopératif, participatif et à but non lucratif en Belgique, va officiellement ouvrir ses portes à Bruxelles. Le résultat du travail de quelques jeunes plein d’ambitions qui ont décidé de proposer une alternative à la grande distribution.

Jehanne Bergé
Paris Match Belgique
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Derrière la grande porte du 19, Rue Van hove, à Schaerbeek se cache un supermarché pour le moins original. Situé entre le haut de la commune plus cossu et le bas traditionnellement plus populaire, la BEES coop est le nouveau grand magasin du quartier. Ici, pas de place pour les pubs et les mises en avant de produits, tout est conçu pour et par les membres, qu'on appelle «coopérateurs». «L'idée de base était de rendre accessible à tous une alimentation de qualité tout en proposant un autre système économique», annonce Martin Raucent, l'un des fondateurs. En trois années seulement, le projet s'est concrétisé. Les clients pourront dès le 4 septembre acheter leurs produits dans le premier marché coopératif, collaboratif et à but non lucratif de Belgique.

Comment ça fonctionne concrètement?

Ce nouveau mode de consommation propose une véritable révolution économique et sociale. Pour rejoindre l’aventure BEES coop, il faut souscrire des parts. Chacun est ainsi propriétaire et peut participer au processus décisionnel pendant les assemblées générales. Aussi, chaque membre est travailleur puisque pour pouvoir faire ses courses dans le magasin il faut y travailler 2h45 toutes les quatre semaines. Et enfin, chaque coopérateur est également client. Seuls les coopérateurs ont accès au supermarché.

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Les produits sont choisis ensemble. Beaucoup de vrac, d’aliments bio et locaux. Le supermarché ne proposera pas que de l’alimentaire, comme dans les grandes enseignes, on y trouvera aussi des produits d’entretien, de la papeterie, des soins pour le corps… Les assemblées générales ont lieu trois à quatre fois par an. Les coopérateurs y décident ensemble de la gestion du supermarché, des produits qui seront vendus, de leur provenance et de leur prix de vente.

Grâce au travail des bénévoles, les coûts de fonctionnement diminuent. Dès lors, une marge unique de 20% est appliquée sur toutes les marchandises. Si bénéfices il y a, ils seront réinvestis.

Tout apprendre de A à Z

Pour construire ce modèle, la jeune équipe s'est inspirée du Park Sloop Food Coop à New-York, qui a d'ailleurs fait l'objet d'un documentaire: Food Coop.

À quelques jours de l'ouverture, Martin Raucent est heureux. «C'est génial de concrétiser une idée. On a développé un projet, construit une communauté, travaillé sur chantier…». Tout comme ses collègues, ce sociologue de formation a appris sur le tas. Pendant un an, l'équipe a pu tester le système dans le «Labomarket», une version mini de la BEES coop.

Une expérience sociale prometteuse

Aujourd'hui, la BEES coop compte 1 400 coopérateurs et les nouveaux venus sont plus que bienvenus. Une période d'essai d'un mois est prévue pour ceux qui voudraient tester la formule. Toutes les semaines sont organisées des réunions d'information. « Plus on est, plus on devient forts et plus solide sera le système», confie le sociologue.

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Cette nouvelle alternative plait aux amoureux du bio/bobo mais pas que… La BEES coop a comme mission de s'ouvrir à tous, en créant du lien entre les habitants du quartier où elle est implantée. «On s'est installé ici parce qu'on trouvait que Schaerbeek a une assez chouette diversité sociale et culturelle.On travaille beaucoup à notre intégration dans le quartier.On apprend à se connaitre. On travaille avec des associations locales». Aujourd'hui, la majorité des coopérateurs ont entre 25 et 35 ans et possèdent un capital culturel assez élevé mais le profil des membres commence à évoluer vers plus de mixité. François Roland a soutenu l'initiative depuis le début en devenant un coopérateur de la première heure. «J'en avais entendu parler via le réseau ades. Le projet me semblait chouette et correspondait à mes envies de consommer différemment. Je cherchais une alternative à la grande distribution et ses dérives éthiques et écologiques. Ici, on sait d'où viennent les produits».

À Paris, sous le même modèle, La Louve, a ouvert ses portes il y a peu. À Charleroi, Coopeco, se lance aussi dans l'aventure. Des initiatives émergent partout en Europe. Sans aucun doute, la révolution est en marche!

Infos pratiques : Bees Coop,19, Rue Van hove 1030 Schaerbeek – Site webFacebook

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